Gilles Marchand

Audiences 2013 de la RTS: Tout change… et rien ne bouge !

Chaque année, dans le courant du premier trimestre, il est d’usage de faire le point sur les audiences de l’année précédente pour nos chaînes radio et TV ainsi que pour notre plateforme rts.ch.

 

Et il y a quelque chose d’un peu paradoxal à observer d’une part le bouleversement, majeur, rapide et continu de la scène médiatique, consécutif à la grande bascule numérique, et d’autre part de constater une grande stabilité, sur la durée, des performances des chaînes radio et TV de la RTS.

Bien sûr il y a des petits changements, ici ou là. Pour 2013, par exemple, la mesure du rattrapage TV joue un certain rôle. Le trend général engagé, il y a maintenant 10 ans, se confirme année après année et il consacre un léger et régulier transfert de la consommation linéaire TV, du bon vieux poste fixe, aux écrans mobiles et interactifs.

Mais dans l’ensemble, si l’on regarde les grandes tendances, la stabilité des chaînes radio et TV de la RTS est bien là. Malgré le bouillonnement général. Et c’est peut-être ce constat de stabilité qui est la performance la plus remarquable, bien plus qu’un mouvement de 2 ou 3 points d’une année sur l’autre.

La cuvée 2013 est donc bonne pour la RTS.

Le contexte dans lequel elle s’inscrit est marqué par 5 grands trends :

Il y a d’abord la multiplication des supports médias, omniprésents dans la vie quotidienne, avec un grand vainqueur et un perdant qui s’essouffle. Le vainqueur est sans surprise le smartphone. 2013 sera sans doute l’année du mobile. Le perdant est la presse quotidienne, sous sa forme classique imprimée en tous cas. Car attention, tout est relatif, les gens consultent beaucoup les journaux, du moins les nouvelles courtes, sur les mobiles. Le journal imprimé, lui, a des soucis. Cela n’étonnera personne.

Deuxièmement, le smartphone règne sans partage parmi les supports mobiles. Attention toutefois, la tablette se modifie, s’allège, et nous parlerons bientôt de « Phablet » conçus pour tout importer sur leur passage, en proposant l’outil capable de marier vraiment  les nouvelles courtes et les vidéos.

Troisième trend : les usages. Avec ce smartphone, on résaute, on s’envoie des messages, on se connecte. Mais, et c’est une bonne nouvelle pour nous, on aime aussi y lire des articles (courts de préférence) et regarder des vidéos (elles aussi courtes). Et bien sûr on veut se rendre service …

Nous sommes là face au média parfait de la mobilité, en témoignent les courbes temporelles des usages du smartphone comme de la tablette d’ailleurs. Elles coïncident parfaitement avec les moments de transports. C’est le 4ème élément.

Enfin, et c’est là aussi une donne avec laquelle nous devons compter lorsque nous réfléchissons à la création de nos émissions, mais aussi et surtout à leur programmation, les écrans se sont multipliés. Il y en a en moyenne 6,4 par foyer, qui sont souvent actifs en même temps, pour des usages plus ou moins compatibles.

Progression de 15% pour rts.ch, avec 7,8 millions de visites mensuelles

Tout ceci se retrouve dans nos performances de la plateforme RTS. 40% des visites de rts.ch se font aujourd’hui depuis un mobile, elles n’étaient que 24% au début de l’année dernière !

Logiquement, les accès via PC marquent le pas alors que ceux qui nous viennent des smartphones et des tablettes progressent sensiblement.

Au total, le site de la RTS enregistre 7.8 Millions de visites mensuelles, soit une progression de 15% en une année. Les ouvertures audios et vidéos progressent aussi de 8%.

Sur rts.ch, les pics d’audience suivent évidement l’actualité, sportive, politique ou les faits divers. Il est intéressant de relever que la courbe des ouvertures audio/vidéos épouse le même mouvement. Le public vient sur rts.ch pour voir ou écouter ce que nous lui proposons sur cette actualité. Mais encore faut-il qu’il puisse disposer d’une connexion de bonne qualité !

C’est pourquoi la nouvelle courte, très facilement accessible même sans WIFI, joue un rôle moteur dans le développement de l’offre mobile. Ce qui explique que 20 Minutes et Le Matin occupent les deux premières places du marché en Suisse romande.

Enfin, il y a une nouvelle situation en 2013, c’est la modification de la concession de la SSR qui nous permet de proposer au public des retransmissions, uniquement sur le web. Nous avons d’emblée saisi cette nouvelle possibilité et avons ainsi offert plus de 80 streaming live commentés par notre rédaction sportive en 2013. C’est là un trend important. Il permet de compléter notre dispositif et de montrer des sports moins rassembleurs mais tout aussi intéressants que les grands sports.

Et dans un autre registre, celui de la fiction, il faut aussi citer « break-ups ». Une série conçue pour le web en 2013 et diffusée sur rts.ch il y a quelques jours. Un bel exemple de créativité qui préfigure des lendemains intéressants pour la fiction romande.

RTS La 1ère reste la 1ère partout, et Option Musique se développe avec le DAB+

La durée d’écoute de la radio, toutes chaînes confondues, fléchi, à 89’/jours contre 106’ en 2009.

Dans ce contexte, les performances cumulées des chaînes de la RTS sont très stables à 56,7% de parts de marché sur 24h. Et cela monte même à près de 66% si on y ajoute les autres chaînes SSR disponibles en Suisse romande. A commencer par les chaînes thématiques « swiss jazz » et « swiss classique »

Il faut relever la progression d’Option Musique à 8,7%, intéressante car liée au développement du DAB+, la distribution numérique de la radio.

Contrairement au marché TV, caractérisé par une forte concurrence des chaînes françaises, privées comme publiques, la principale concurrence de la RTS en radio vient des acteurs privés suisses, à 23,9%. La 1ère avec 37,9% de pdm est no1 dans tous les cantons et auprès de toutes les tranches d’âges, à l’exception des 25-34 ans qui lui préfère Couleur 3.

Leadership indiscutable avec 35% de parts de marché pour la RTS entre 18h00 et 23h00

La situation est semblable en TV. Avec là aussi une consommation générale du média, sous sa forme linéaire, qui tend à diminuer à 142‘/jour contre 171’ en 2005. Très vraisemblablement au profit des plateformes interactives. On ne le dira jamais assez: c’est le bon vieux poste fixe de TV qui est bousculé, certainement pas les contenus audiovisuels, qui retrouvent une nouvelle jeunesse grâce à tous les écrans sur lesquels ils sont vus et revus !

Les audiences TV de la RTS sont donc parfaitement stables avec 35% de part de marché entre 18 et 23h. Le léger gain de + 1,5% ne mérite pas de commentaires particuliers car depuis 2013, le rattrapage (jusqu’à 2h du matin et sur les 7 jours) est compté. Les chiffres TV présentés tiennent compte de la consommation durant le même jour (jusqu’à 2h). C’est l’indicateur qui semble le plus pertinent pour comprendre et analyser une part de marché quotidienne.

Quoiqu’il en soit, cela signifie que 827’000 Romands sont en contact quotidien avec la RTS. Ce qui nous place très largement en tête des chaînes regardées en Suisse romande. La deuxième, TF1, a deux fois moins de contacts quotidiens.

La TV est un média du soir, on le sait. Si on s’arrête un instant sur la part de marché de la soirée, on remarque que si la RTS tient donc les 35%, M6 CH (la fenêtre suisse de la chaîne française) n’atteint pas 9%, tout comme TF1 CH. Suit le service public français. Et comme toujours depuis des années, l’addition de petites chaînes à moins de 1% pèse près de 25% du marché. C’est cet éclatement de l’offre contre lequel il est si difficile de lutter. Cela dit, la RTS est et reste leader dans toutes les tranches d’âges.

Le rattrapage de la TV, nouveau sport prometteur !

Le rattrapage en TV mérite lui que l’on s’y arrête un moment car c’est donc la première fois qu’il est mesuré. Il y a donc le rattrapage du même jour (jusqu’à 2h du matin) et celui qui court durant les 7 jours qui suivent la première diffusion.

Il y a 10 minutes de rattrapage TV en Suisse romande, soit un peu plus qu’en Suisse alémanique (7’), beaucoup plus qu’en France (5’) et qu’en Allemagne (1’), mais beaucoup moins qu’en Angleterre (24’), pays qui pratique le « red button » depuis longtemps !

Il faut aussi souligner que ce rattrapage ne concerne que les postes de TV classiques et les PC. Il ne prend hélas pas encore en compte les tablettes et les smartphones. Nos performances devraient progresser encore lorsqu’il sera possible de les mesurer et de cumuler toutes les consommations.

Et qui sont les plus grands « rattrapeurs » ? Les 30-49 ans, ceux qui ont bien entendu des jeunes enfants et une vie active à combiner…. C’est bien pour eux et leurs enfants que les médias se réinventent !

Gilles Marchand

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Conférence de presse « Audiences 2013 »:

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