Gilles Marchand

Des films et Droits, Humains

Le film présenté lors de la soirée RTS au Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains (FIFDH), L’Oasis des Mendiants de Janine Waeber et Carole Pirker, est une coproduction RTS qui aborde des problématiques très intéressantes, essentielles même, dans notre monde globalisé.

Il est question en effet de notre relation à l’altérité, de notre capacité de coexistence, balancée entre l’ouverture aux autres réalités et le respect légitime de nos valeurs et pratiques. C’est une thématique importante et d’une absolue actualité. Les déséquilibres sociaux, économiques, climatiques, les guerres, les mouvements de population à travers toute l’Europe, et au-delà, exigent un vaste débat de société.

Un débat qui génère parfois des réponses publiques différentes. Y compris à l’échelle d’une petite région comme la nôtre où l’on voit Lausanne appliquer une politique publique et répressive différente de celle de Genève, par exemple dans le domaine très sensible de la mendicité.

Une absolue actualité

Il appartient aux médias de contribuer à nourrir ce débat, en évitant les pièges, nombreux. Avec d’un côté le piège de l’outrance caricaturale, qui n’apporte rien d’autre que la radicalisation stérile des positions, et de l’autre le piège de l’abstraction théorique inaccessible et inutile car impossible à utiliser dans le débat citoyen.

De ce point de vue, le documentaire joue un vrai rôle. Il montre, expose, témoigne. Il incite au débat de multiples manières. C’est une approche que nous privilégions depuis longtemps à la RTS, avec de nombreux rendez-vous documentaires programmés chaque semaine.

Je relève avec plaisir que nous avons par exemple ici au FIFDH 3 préachats et 2 coproductions en compétition, plus une hors compétition, qui sera l’objet d’une programmation dans Histoire vivante.

Cette présence ici, au FIFDH, s’inscrit dans une politique programmatique ambitieuse. L’unité des documentaires de la RTS, conduite par Irène Challand et Gaspard Lamunière, a actuellement une soixantaine de co-productions suisses en cours et une centaine de préachats. D’une manière ou d’une autre, ces films parlent de nos réalités ce qui signifie que bon nombre d’entre eux ont une relation directe ou indirecte avec les Droits Humains.

215 coproductions en 10 ans

En 10 ans, grâce au pacte audiovisuel qui lie la télévision publique suisse à la production indépendante, la RTS a lancé quelques 215 coproductions, dont certaines, importantes, nous rapprochent du thème de ce soir. Je pense par exemple aux films de Fernand Melgar et notamment à l’Abri, réalisé l’année dernière. C’est dire si nous sommes attachés à ce Pacte et si nous espérons qu’il ait encore de belles années devant lui.

Le service public, qu’il s’agisse d’ailleurs des autorités qui tentent de réguler la coexistence entre les populations résidentes et les nouveaux venus, ou qu’il s’agisse de l’audiovisuel public qui s’engage dans la production de films sur ces thèmes, est régulièrement attaqué et mis en cause. C’est même devenu une sorte de sport national qui se rythme à coup de référendums, d’initiatives ou autres interpellations sur le périmètre de la légitimité.

Une société doit s’interroger sur son service public. C’est bien normal. Mais je pense qu’elle doit le faire dans la perspective d’en améliorer les prestations. Et non dans l’intention de détruire purement et simplement ce qui facilite le vivre ensemble.

Rassembler les forces en Suisse francophone

Nous avons besoin, dans cette petite Suisse francophone, de rassembler nos forces, de nouer des alliances pour garder une capacité de production culturelle. C’est particulièrement le cas dans le domaine audiovisuel, soumis à une très forte concurrence internationale.

C’est ainsi que nous pourrons continuer à produire de beaux films comme l’Oasis des Mendiants et soutenir des rencontres importantes comme le FIFDH auquel nous sommes associés depuis sa création et qui sera l’objet, cette année encore, d’une large couverture sur nos antennes, notamment radio.

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