C’est quoi « l’idée suisse » ?
Il y a mon avis deux valeurs à cultiver soigneusement lorsque l’on pense à cette « idée suisse ».
Notre premier atout est la diversité
Nous avons élevé la diversité au rang de valeur fondamentale. Diversité de pensée, de culture, de religion, de paysages, d’accents. D’autres ont parié sur la conquête, sur la République, sur le savoir ou sur la puissance de feu, nous c’est la diversité. Et avec la diversité va bien sûr la coexistence, l’intégration. Nous sommes peut-être bien, sans le savoir, les champions du monde de la coexistence ! Tous les ingrédients de la tension et de conflit sont réunis chez nous : nous essayons de nous entendre en 4 langues, il y a des régions très riches d’autres beaucoup moins, il y a des cantons qui contribuent à la caisse commune, d’autres qui en profitent. Il y des régions catholiques et d’autres protestantes. Et pourtant nous coexistons en bonne intelligence, sans – trop – de problème. A tel point que nous pourrions exporter ce savoir-faire dans des régions du monde qui en ont bien besoin. Après la « diplomatie des bons offices », qui a vécu avec l’âge doré des palaces suisses, la « diplomatie de la coexistence » pourrait être notre nouvelle bannière sur la scène internationale.
Notre deuxième point fort est la décentralisation du savoir et surtout du pouvoir.
La Suisse n’a pas de centre fort. Toute grande décision doit se construire dans de subtiles négociations confédérales, enveloppées d’une bonne dose de démocratie directe. Certes, c’est long, compliqué et parfois le processus manque singulièrement de panache. Mais ce système décentralisé, participatif, interactif au possible, empêche le dérapage incontrôlé. On est plus intelligent à plusieurs que tout seul. Et puis la décentralisation interactive à la sauce helvétique ne fait-elle pas furieusement penser au grand réseau, à la société de l’information ?
Cultivons la diversité et la décentralisation ! Ce sont nos deux meilleures cartes pour l’avenir.
Gilles Marchand
Article paru aussi dans le magazine Bilan, novembre 2007
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