Une semaine type à la TSR
Lundi 1er septembre :
Je suis impressionné, ce matin, par les images de l’arrivée de l’ouragan Gustav. Alors que La Nouvelle-Orléans se vide de ses habitants, Sébastien Faure, notre correspondant aux USA, couvre la situation contre «vents et marrées». John McCain décide de reporter la convention républicaine, laissant l’encombrant Georges W. Bush affronter la tempête. Quelle analyse aurait Xavier Colin de cette situation, lui qui prépare Geopolitis, sa nouvelle émission de décryptage de l’actualité internationale? J’ai visionné le premier numéro ce matin avant sa diffusion la semaine prochaine, je suis convaincu du succès à venir.
Mardi 2 :
Ce soir, Usain Bolt, l’homme le plus rapide du monde sur 100 mètres s’élancera sur la piste d’Athletissima.
Tout comme la TSR qui, avec 100 techniciens et journalistes mobilisés, 21 caméras et 5 cars de reportage, relève un sacré défi pour ce direct. Avec l’Eurofoot et les JO, l’année 2008 restera une année sportive exceptionnelle.
L’occasion de se questionner sur l’avenir audiovisuel de ces grands rendez-vous. En Suisse, seule l’existence du service public permet d’offrir la diffusion de tels événements, car la petite taille du marché empêche de les rentabiliser commercialement.
D’autant plus que les règles du jeu dans le marché publicitaire évoluent très vite. Cet après-midi, avec notre régie Publisuisse, nous en prenons la mesure. Les stratégies marketing des annonceurs changent de plus en plus vite, la pression sur les tarifs est énorme et les négociations serrées.
Mercredi 3 :
En déplacement entre Genève, Bienne, Fribourg et Berne, j’apprécie les technologies qui me permettent de rester connecté dans le train… ou presque.
Journée contrastée avec d’une part, à Genève, l’émotion et la tristesse liée aux obsèques de Charles-André Grivet, un grand réalisateur de la TSR. Et d’autre part, à Fribourg, des échanges intéressants avec la conseillère d’Etat Isabelle Chassot. Nous évoquons la richesse culturelle de la Suisse romande dont l’identité commune, polyforme, reste difficile à cerner.
Je suis sûr que les médias et la TSR contribuent à cimenter cette identité tout en entretenant un sentiment d’appartenance. Un enjeu qui ne se mesure certainement pas à l’aune des bilans annuels des entreprises médias. D’ailleurs, en matière d’économie, je me réjouis de visionner, ce soir, l’«Infrarouge» dédié à l’inflation.
Jeudi 4 :
Des questions stratégiques au menu, ce matin à Berne. La télévision doit gagner en souplesse tout en proposant de la très haute définition. Ces deux évolutions, incontournables et contradictoires, complexifient nos choix d’investissements. Lors d’une longue séance de travail à la SSR, nous planchons sur l’importance pour les trois régions linguistiques du pays de proposer une alternative crédible face aux puissantes chaînes étrangères. Car, ni TF1 et encore moins M6 ne s’intéresseront aux subtiles saveurs de nos réalités confédérales. Nous devons réussir, en même temps, à parier sur la proximité tout en étant capable de soutenir la comparaison internationale.
Vendredi 5 :
«Un pitbull avec du rouge à lèvres.» Voilà l’autoportrait de Sarah Palin, la nouvelle colistière de John McCain. Le vent tourne vite! En trois ou quatre formules chocs, elle offre un coup de jeune à l’image du vieux et rusé Mc-Cain. Cela démontre une fois de plus les liens inextricables entre politique et médias. Même constat en Suisse où une phrase d’une conseillère fédérale agite les agences de presse. Le lendemain, un président de parti commente cette affaire pour s’offrir une existence médiatique alors qu’un autre conseiller fédéral monte au front sur tous les écrans pour se dépêtrer d’une nomination qui a mal tourné. Et toujours l’effet grossissant des images…Vers 17h, je regarde Nouvo avant de me replonger dans les arbitrages budgétaires de l’an prochain. Et je me dis que là aussi, il faudra faire preuve d’une certaine…innovation.
Gilles Marchand
Article paru aussi dans le magazine Bilan, 10 septembre 2008
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