Gilles Marchand

17 millions pour la fiction et les documentaires romands

Dans le cadre du Festival international de cinéma documentaire Visions du Réel, la RTS et cinéforom ont présenté le 21 avril leur partenariat et les nouvelles perspectives qu’il ouvre à la fiction et au documentaire. Extrait de la conférence:

En Suisse, la fiction et le documentaire francophone se portent très bien (santé exceptionnelle, si on la juge proportionnellement à la taille de notre région).

Chaque année, les documentaires ou les fictions sont salués par la critique comme par le public.

Pour preuve les prix du cinéma suisse, les quartz, qui honorent régulièrement des productions francophones, ou le succès réjouissant de certains films, documentaires comme fiction en salle ou à la télévision.

Ces dix dernières années, les documentaires romands ont obtenu des prix importants un peu partout, à Locarno, à Berlin, en Chine et même une nomination aux Césars.

Dans ce domaine il y a une génération talentueuse, emmenée notamment par Jean-Stéphane Bron, Fernand Melgar, Nasser et Beatrice Bakhti ; Piere-Yves Borgeaud ou Stéphane Goël, (pour n’en citer que quelque uns…) qui propose des regards pertinents et toujours intéressants sur la société, des films qui font débat.
Et ces débats, indispensables, sont entretenus par une étroite collaboration avec la télévision.

Un partenariat de longue haleine, qui se base sur deux piliers :

1. une vraie stratégie de co-production, exigeante, engagée,
2. et une programmation de qualité, avec des cases très bien exposées.

C’est une des caractéristiques de notre paysage audiovisuel. Il y a en Suisse romande une grande tradition du reportage, née des étroites relations entre les réalisateurs de films de cinéma et la télévision. La TSR a fondé une bonne partie de son identité sur cette tradition. Elle sera perpétuée, bien sûr, sous les couleurs de la RTS.

Et sans doute que ce n’est pas un hasard si « Visions du Réel », un des plus grands festivals européen de documentaires, est profondément ancré ici à Nyon, en pleine terre francophone. Et les trois coproductions romandes sélectionnées cette année en compétition internationale illustrent indéniablement ce nouvel élan du documentaire romand.

Du côté de la fiction,

les nouvelles sont également très bonnes, avec là aussi l’émergence ou la confirmation de talents reconnus sur la scène nationale et internationale.

Kacey Mottet Klein et Léa Seydoux sont deux jeunes laissés à eux-mêmes dans une plaine industrielle. [Vegafilms – DR]

Trois exemples récents, parmi de nombreux autres pour souligner ce mouvement réjouissant :

  • le succès international des films d’Ursula Meier, dont le dernier, « l’enfant d’en haut » a été salué à Berlin ;
  • le Léopard gagné cette année par Milagros Mumenthaler avec son film « abrir puertas y ventas »
  • ou encore Nicolas Wadimoff dont le « Opération Libertad » qui a de très bonnes chance d’être sélectionné à la quinzaine des réalisateurs à Cannes.

Là encore, des œuvres et des regards originaux, ouverts sur les réalités du monde. Et là encore, des co-productions actives avec la RTS.

On observe d’ailleurs une heureuse porosité des savoir-faire entre le monde du documentaire et celui de la fiction. Question de taille peut-être…

Alors dans ce contexte vraiment favorable, la question est de savoir comment créer les conditions favorables pour que la création puisse s’exprimer durablement, dans un si petit marché.

Cette question est posée aussi bien à la RTS qu’à la nouvelle fondation romande pour le cinéma.

Et bien c’est ensemble que nous répondons. Ensemble en réunissant nos forces, en collaborant étroitement, en dessinant un partenariat adapté aux réalités régionales.

Convaincues toutes deux par l’importance du documentaire et de la fiction pour l’espace culturel suisse francophone, nous pouvons annoncer aujourd’hui qu’ensemble, la Fondation et la RTS sont capables de réunir chaque année FS 17 M pour irriguer la fiction et le documentaire romands. FS 10 M pour la Fondation, FS 7 M pour la RTS, toutes catégories confondues.
FS 17 M qui sont en plus complétés par les moyens mobilisés par l’OFC dans le cadre de ses mesures d’accompagnement.

Ces montants doivent permettre de mener une politique ambitieuse, audacieuse et efficace. Parce qu’au-delà des montants en jeu, la RTS et la Fondation partagent la même approche.

  • Cette approche est ambitieuse car elle se traduit, notamment, par des films ou des séries qui ont du succès, qui suscitent le débat ou le rêve.
  • Cette approche est audacieuse car bien entendu, une large place est laissée à l’imagination, à la création. Tous les sujets sont intéressants, y compris à la télévision, tous les regards méritent attention et respect.
  • Cette approche enfin est efficace, car elle doit permettre à la branche de se développer, de professionnaliser ses structures, en partenariat étroit et durable avec la RTS.

Plus concrètement, à la RTS, et sous réserve bien sûr des conditions cadres fixées pour le service public, cela se traduit par une politique stable et cohérente, inscrite dans la durée.

Pour le documentaire,

tout le monde connait le travail remarquable de l’unité dirigée par Irène Challand, avec Gaspard Lamunière.

Nous nous engageons dans de nombreux films, 282 co-productions en 10 ans pour être précis, dont 161 ont été diffusé dans des cases de grande écoute à la télévision.

Nous considérons que les documentaires représentent une composante essentielle de l’identité de nos programmes. Nous les accompagnons et, lorsque c’est possible, nous convions nos téléspectateurs à de grands débats de société, en prime time.

« Tabou », « Romands d’ados », « La saga des Perrochons » ou encore récemment « Vol spécial » illustrent très bien cette intention. Je me réjouis de voir comment le public accueillera le feuilleton documentaire de Raymond Vouillamoz, d’une jungle à l’autre, dès vendredi prochain à 20h00 sur RTS Un.
Très peu de télévisions généralistes osent cela et nous sommes fiers de maintenir cette grande tradition qui s’inscrit pleinement dans notre mandat public.

Pour la fiction,

Alberto Chollet, avec Françoise Mayor, développent une double politique. D’un côté la coproduction de films de cinéma, de l’autre la volonté de créer un savoir-faire romand en matière de séries tv. Un savoir-faire qui doit répondre à un triple objectif :

  • d’abord raconter, encore et toujours, des histoires qui touchent le public, qui racontent la vie dans notre région ;
  • ensuite tenir le choc d’une programmation très exigeante, en prime time, face à la grosse artillerie française. D’où l’importance, d’ailleurs, de l’ancrage des scénarios. Car il est essentiel pour nous que nos fictions audiovisuelles puissent être ainsi exposées à des heures de grande écoute. Cela légitime les efforts et moyens que nous engageons.
  • enfin contribuer à structurer la production indépendante en lui donnant le temps d’acquérir ce savoir-faire si particulier des séries puis de s’organiser pour en gérer efficacement la production.

Cette politique générale, Irène Challand et Alberto Chollet vont la détailler dans un instant.

Et il me faut aussi rappeler nos autres engagements dans le domaine de l’animation, du court métrage et même du développement online ou vous le savez, la RTS a souvent été pionnière.

Dans ce domaine comme dans d’autres, il est essentiel de rassembler nos forces pour cultiver notre différence, notre regard, nos talents.
Ce qu’offre la Suisse romande sur le plan de la création culturelle, audiovisuelle, est épatant, extraordinaire. Nous avons la responsabilité d’irriguer tout cela. Tant sur le plan de la création que du réinvestissement économique important dans la région.

Avec ce partenariat entre la RTS et la Fondation, avec ces 17M par année, nous prenons date, nous misons sur l’avenir, dans l’intérêt de tous les publics.

Gilles Marchand

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