Gilles Marchand

Docteurs, professeurs et journalistes…

On commence par se rassurer, les professeurs ne sont pas (tous) des stars médiatisées et les journalistes ne sont pas (tous) malades.

Il y a pourtant de nombreuses similitudes entre le management d’un grand hôpital et celui d’une entreprise audiovisuelle, au bénéfice d’un mandat public. Tout comme il y en a aussi avec les universités et hautes écoles.

Nos institutions sont publiques, au service du public. Elles sont exposées, chacun aime à poser un diagnostic, un traitement, chacun se verrait bien à la place du directeur des programmes.

Nous avons des relations régulières avec les pouvoirs publics, les politiciens, mais nous devons en même temps protéger notre activité de toute ingérence problématique.

Nous devons faire coexister de nombreux savoir-faire, de nombreux métiers très différents. Nos institutions sont des petites villes, avec leurs quartiers, leurs mairies, leurs chefs et leurs artistes. Dans le secteur de la santé, de l’enseignement et de la recherche, comme dans celui des médias, il faut tenter d’harmoniser des talents brillants, qui ont, il faut bien le dire, une assez haute idée de leurs compétences, des techniciens sans qui rien ne marche et des équipes administratives vitales pour que les deux premiers fonctionnent.

Il y a dans les hôpitaux comme dans les universités et dans l’audiovisuel des personnels extrêmement engagés, passionnés, qui ne comptent pas leurs heures. Mais il y a aussi des partenaires sociaux qui connaissent par cœur les lois sur le travail ou autres conventions collectives, avec lesquels il convient de s’entendre sur les frais, les indemnités et autres subtiles négociations. Nos budgets sont toujours tendus, par définition. Et par définition aussi, ils sont toujours contestés par tel ou tel groupe, tel ou tel mouvement politique pour qui la dépense ne se justifie pas. Qu’il s’agisse d’un scanner compliqué, d’une longue recherche ou d’un reportage à l’étranger.

Les hôpitaux sont face à une démographie vieillissante et à une hausse consécutive des coûts de la santé. Les universités doivent intégrer de plus en plus d’étudiants, de plus en plus de diplômés. Les médias affrontent la révolution numérique, et les investissements lourds qu’elle provoque, le tout dans un contexte concurrentiel impitoyable.

Nous devons donc adapter nos organisations, en permanence. Essayer d’anticiper, mettre à plat les habitudes et certitudes, sans pour autant lâcher la proie pour l’ombre.

Nous avons des institutions organisées historiquement en silo, en territoires jalousement protégés. Ici les spécialisations, les domaines de santé, là les facultés, là encore les chaînes ou les rédactions.

Et nous devons préparer la relève, imaginer des fonctionnements plus transversaux, ici pour mieux répondre aux besoins des patients, dont les pathologies sont rarement monomaniaques, là pour répondre aux besoins des audiences volatiles, mobiles et plus loin pour accompagner des cursus de formation de plus en plus transdisciplinaires.

Mais, dans tous les cas, il est diablement important de trouver des réponses. Car elles concernent tout le monde. Un système de soins performant et stable est à une société ce qu’une information indépendante et diversifiée est à une culture: essentiel.

Quant à l’enseignement et à la recherche, ils sont eux aussi indispensables à la collectivité. Et pour ce faire, dans un petit pays en proie à de très grands défis, rien ne vaut la confrontation des idées et des expériences. La collaboration entre les hôpitaux, les universités, les hautes écoles, les institutions culturelles et l’audiovisuel public est précieuse. Coup de chance, nous sommes à quelques encablures les uns des autres, tout en agissant aussi sur la scène internationale. Profitons-en!

 

Gilles Marchand

Article publié dans le Matin Dimanche

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