Gilles Marchand

Les films ont leur place sur tous les écrans, comme l’information

La RTS annonce la création d’un fonds, dans le cadre du pacte audiovisuel, dont le but est d’encourager les projets multimédias, notamment ceux sur le web.

Interview de Gilles Marchand dans Le Temps, Nicolas Dufour, Novembre 2010

Q – De combien le fonds sera-t-il doté, et par qui? TSR seulement, ou avec d’autres instances (Swisscom, OFC?)

Notre intention est de proposer la création d’une section multimédia au pacte audiovisuel. Pour ce faire, nous avons l’intention de fondre le pacte multimédia, qui existe depuis 4 ans, avec le pacte audiovisuel.  C’est un signal fort qui montre que les films, de fiction comme les documentaires, peuvent explorer tous les écrans, avec des écritures différentes, pour toucher différents types de publics. Cette présence sur tous les écrans n’est ainsi pas réservée à l’info ou au sport. Le film y a bien sûr toute sa place.

Cette section multimédia du pacte concerne toutes les entreprises de la SSR. Elle devrait être dotée d’un budget initial de FS 250’000.-/an. J’espère bien que nous arriverons à convaincre, avec la production indépendante, d’autres partenaires comme par exemple swisscom.

Q – Les projets feronts-ils l’objet de concours? Les lauréats devront-ils trouver d’autres financements, ou est-il prévu que le fonds assure la totalité d’un projet?

– Nous allons mettre en place une procédure d’accès à ce fonds, sur le modèle sans doute des « experts pacte de la SSR », qui viennent de toutes les régions. Mais ce n’est pas encore réglé. 2011 sera une année de transition. Et j’imagine que les projets soutenus chercheront des compléments de financement. Cette section multimédia devrait fonctionner comme un levier, un encouragement. De plus l’économie de ces productions web est différente de celle des films. Nous devons développer notre expertise à ce sujet, avec les producteurs indépendants.

Q – Quels genre de projets souhaitez-vous susciter?

– Il y a deux genres. D’une part, la création pure d’œuvres destinées à une diffusion interactive, sur le web, sur les mobiles. Ces œuvres proposent des écritures originales, même si certaines d’entre elles peuvent aussi être montrées sur des écrans plus classiques.

D’autre part, il y a le développement de communautés interactives autour des films de fiction ou de documentaires. C’est une dimension très intéressante car les films expriment tous, à leur manière, la réalité socio-culturelle dans laquelle ils sont imaginés. Et il me semble passionnant de permettre le dialogue, de s’ouvrir à la participation du public sur ces réalités. Par exemple, les producteurs de « t’es pas la seule » ont des projets intéressants à ce sujet. Tout comme les producteurs de « romans d’ados ».

Q – Après un fort démarrage dans les années 2000, on a l’impression que la fiction sur le web marque le pas. Les modèles économiques ne semblent pas bien arrêtés: plusieurs créateurs français m’avaient dit, il y a deux ans à Aix-les-Bains, qu’ils lançaient une fiction web… pour espérer décrocher une offre d’une TV broadcast. Le vent a-t-il déjà tourné? Et ne venez-vous pas trop tard?

– Au contraire. La TSR a été pionnière en suisse dans le développement du web (www.tsr.ch ). Dans tous les domaines de programme, y compris pour le cinéma (site participatif : www.moncinéma.ch ) ou dans des partenariats avec la presse (site culturel avec Le Temps: www.sortir.ch ). Il est donc assez logique que nous essayons de développer cette dimension dans le Pacte Audiovisuel. Parce que franchement, l’audiovisuel, aujourd’hui, s’exprime vraiment sur tous les écrans. Et si l’on pense à cette dimension communautaire, au transmédia, alors je crois que nous ne sommes vraiment pas en retard. Il ne faut pas résumer cette initiative à la création de fiction classiques sur le web. D’autres télévisions proposent ainsi des plates-formes intéressantes. Je pense par exemple aux sites des fictions que la télévision espagnole (TVE) diffuse.

Gilles Marchand

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