Gilles Marchand

Les leçons d’un joli 73%

73%, voilà le pourcentage des votants sur la modification de la LRTV, qui se sont déclarés satisfaits des programmes de la SSR. Ils sont même plus de 60% à déclarer apprécier les programmes de la SSR parmi ceux qui ont voté contre cette nouvelle LRTV, le 14 juin 2015.*

Ce résultat, assez spectaculaire, montre que les citoyens ont très bien compris, contrairement à ce que l’on pouvait craindre en juin, l’objet précis du vote. Et c’est réconfortant pour tous les journalistes et débateurs qui ont tenté d’expliquer de manière honnête et factuelle les contours d’un objet assez complexe.

Ceux qui ont voté pour la LRTV ont bien mesuré l’enjeu : la redevance sert à financer des prestations de programmes, indépendamment du vecteur ou de la distribution utilisés. En clair, il n’y a plus aucune raison de lier la redevance avec le poste de radio ou de TV dans la société numérique. La redevance est aussi un mécanisme de financement solidaire qui permet une large consultation des programmes de radio, de télévision, d’internet, en quatre langues, pour un coût bien plus raisonnable que si cette même consultation devait être payée à la carte, à chaque fois.

Ceux qui ont voté contre ont ainsi signalé qu’ils n’étaient pas favorables au système de redevance généralisée, qu’ils souhaitaient un débat sur le service public avant de changer la loi, ou encore qu’ils considéraient que la contribution des grandes entreprises ne se justifiait pas.

Il y a là, au final, un bel exemple d’une maturité citoyenne qui sait s’affranchir des préjugés idéologiques.

 

Des programmes très appréciés par la population

Mais nulle trace de rejet à propos des prestations de programmes de la RTS, SRF, RSI ou RTR ! Que n’a-t-on pas lu et entendu à propos d’une offre de programme défaillante, avec ici trop de séries américaines, là trop de paillettes, plus loin pas assez de culture ou de débats. Combien de savantes analyses pour expliquer que finalement cette offre de service publique n’était plus indispensable à la Suisse…

La vérité est donc que la population suisse, dans son ensemble, apprécie vraiment ce que lui proposent tous les jours les chaînes radio et TV de la SSR. Avec des nuances bien sûr, l’autosatisfaction n’a aucune place dans ce débat. Mais quand même, 73% de satisfecit, cela mérite d’être relevé.

Cela montre probablement que les auditeurs et téléspectateurs mesurent parfaitement les enjeux d’un paysage médiatique numérique et mondialisé. Ils soulignent sans doute ici qu’ils trouvent important que des programmes de radio et de TV réalisés en toute indépendance soient ancrés dans les réalités culturelles, politiques et sociologiques suisses. Et de ce point de vue, ils considèrent à une large majorité que la RTS, avec ses programmes généralistes, répond plutôt bien aux attentes de la population romande, que SRF en fait de même en Suisse alémanique, RSI en Suisse italienne et RTR dans les Grisons; tant en matière de cohésion sociale que de contribution au bon fonctionnement de la démocratie directe.

Le débat va continuer, cette fois sur le périmètre et le mandat de service public. Et la satisfaction portée aux programmes des chaînes de la SSR n’est en rien un oreiller de paresse qui empêche toute évolution. Souhaitons toutefois que cette appréciation générale soit prise en compte et que les discussions à venir permettent d’améliorer encore ce sentiment et non de casser ce qui fonctionne de facto plutôt bien !

* Chiffres tirés de l’analyse Vox « votation fédérale du 14 juin 2015 »  [pdf]

Une réponse à “Les leçons d’un joli 73%”

  1. Cornaz dit :

    Je crois que votre commentaire illustre bien la récupération que peuvent faire certains partis (ou lobbies)des résultats de votation. On pourrait même penser que ceux-ci s’acharnent à dissoudre notre ciment national pour nous vendre leur clivage dont ils détiendraient seuls la clé.

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