Gilles Marchand

La région, c’est le « glocal » !

Pour marquer le 500e numéro du journal Le Régional, dix-sept personnalités romandes, dont Gilles Marchand, ont accepté de s’interroger sur la notion de région qui figure au coeur de sa ligne éditoriale.

« Région »

est un mot magnifique, propice à de subtiles interprétations.
Un mot qui évoque d’abord les contours un peu flous d’un grand espace. La définition territoriale de la région n’est pas stricte. La région peut être ainsi immense lorsqu’on en est fier, plus étroite lorsqu’elle nous gêne.
Notre région est ainsi un bel espace de créativité, d’invention, de recherche scientifique ou de développement « High Tech ». Un espace qui n’a pas à rougir face à la réputation mondiale de cette « vallée californienne de la silicone ». La région nous semble fort bien dimensionnée lorsqu’elle embrasse dans un même paysage en terrasses, les pointes alpines, les rondeurs jurassiennes et les risées lémaniques.

Mais le terme de « Région » peut aussi revêtir une connotation inverse. Notre même région devient bien plus étriquée lorsqu’il s’agit, par exemple, de qualifier les problèmes de transports ou de mobilité. On se plaint des bouchons de Morges et de Coppet, de l’entrée de Genève, des ralentissements de Crissier ou ceux du tunnel de la Vue-des-Alpes. C’est la troisième voie « Lausanne-Genève » qui est attendue par les pendulaires, autant qu’un projet global de déplacement régional.

La région est ainsi un concept souple, mobile dans son interprétation. En ce sens, c’est un concept particulièrement moderne.

La « région » n’est pas associée à la dimension quelque peu guerrière, repliée sur elle-même de la « nation », ou de « l’Etat-nation ». Une région peut ainsi enjamber les frontières.
Mais en même temps, la région exprime le sentiment d’appartenance. Appartenir à une région signifie partager quelque chose de fort, un mode de vie, des goûts, une histoire commune.
En bref, la région est à la fois locale et globale. Les anglo-saxons, qui ont le sens de la formule et du raccourci, appellent « glocale » cette précieuse qualité.

Et pour composer un tissu vivant, souple, la région a bien entendu besoin de ceux qui l’habitent, de ceux qui l’incarnent, et de ceux qui la racontent, qui la décodent, la saluent ou la critiquent.

Point de région sans une mémoire vive, et point de mémoire vive sans médias. Tous ont leur place dans cette relation privilégiée.

La télévision, la radio, internet, les réseaux sociaux, la presse écrite, payante ou gratuite. Et donc le « Régional », dont il convient de saluer ici le 500ème numéro !

Gilles Marchand

Article paru aussi dans Le Régional, n.500, 3 février 2010

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