Sortons de tous les affrontements archaïques !
Discours prononcé lors de l’assemblée générale de la CTF (communauté des télévisions publiques francophones), réunie à Genève en mai 2011.
La dernière fois que nous avons eu le plaisir d’organiser en Suisse l’assemblée générale de la CTF, c’était en 2002, en pleine exposition nationale.Et il s’est passé pas mal de chose en 9 ans, le monde à un peu changé, la télévision beaucoup !
Mais malgré tous ces bouleversements, je crois que notre communauté porte vraiment bien son nom.
Une communauté qui n’a pas attendu l’avènement des réseaux sociaux pour exister et partager des valeurs, des expertises professionnelles, des succès formidables, quelques mémorables échecs aussi, mais avant tout des bons programmes de télévision.
Il est bien vrai que nous sommes au cœur d’un invraisemblable maelström médiatique qui nous fait tous un peu vaciller sur nos bases ou nos certitudes. Cette évolution vertigineuse est au cœur de nos réflexions, des travaux des commissions. On parle ici de télévision connectée, là de télévision de rattrapage, de vidéos à la carte, de bascule HD, de 3 D …
Bon. Et alors ? Notre communauté est assez forte, avec ou sans tweet, pour faire face, pour dompter les mouvements parfois un peu hiératiques, d’un paysage en pleine recomposition.
Il y a dans cette salle, les plus beaux savoir-faire, les plus grandes imaginations de toutes les télévisions publiques francophones. Alors bien sûr qu’en les réunissant, en ouvrant le débat, en réfléchissant ensemble, nous trouverons les solutions, dans l’intérêt de nos publics.
Et il faut sortir de l’affrontement archaïque,
ce n’est pas le web, ou les réseaux sociaux, contre la bonne vieille télé. Ce sont des excellents programmes sur toutes les distributions.
Je crois d’ailleurs que les médias de service public, après une brève période de déstabilisation, redeviennent furieusement contemporains.
Parce qu’ils sont généralistes en considérant que tous les intérêts et tous les publics sont légitimes. Parce qu’ils sont respectueux du public. Parce qu’ils vérifient ce qu’ils affirment et qu’on peut leur faire confiance. Parce qu’ils rassemblent les publics au lieu de les diviser. Parce qu’ils soignent leur qualité.
Voilà les valeurs que partage notre communauté. Et à dire vrai, plus cet environnement médiatique s’atomise, plus ces valeurs raisonneront dans la société.
L’évolution des médias ne doit donc pas – trop – nous préoccuper. Nous saurons en faire bon usage.
Il y a par contre autre chose que nous devons tous surveiller de près. Quelques soient nos systèmes.
Je parle bien sûr de notre indépendance. Nous devons nous battre pour que les cadres juridiques dans lesquels nous évoluons, nos lois, concessions et autres contrats d’objectifs et de moyens, ne deviennent pas les corsets qui nous asphyxient, bien plus efficacement qu’une bête censure politique.
On enlève la publicité ici, on congèle la redevance là, on la diminue plus loin, on limite l’accès au web, on impose des quotas irréalistes, on réduit le périmètre programmatique… et progressivement on risque l’étouffement sans même avoir été bâillonné.
Alors il faut lutter, expliquer, réexpliquer et ne pas avoir peur du débat de société. Le service public appartient au public et non à ceux qui encadrent sa régulation.
Voilà un beau terrain de travail pour la CTF :
- la confection de bons programmes bien sûr,
- l’intégration des médias, des nouveaux et des anciens, de la radio de la télévision et du web,
- le maintien d’un espace créatif, économique et juridique… vital.
Nous sommes ici dans une ville ouverte au monde et aux autres, qui abrite d’ailleurs le siège européen des Nations Unies, qui est dépositaire des conventions de Genève, fondement de la Croix Rouge. Quant à la Suisse, confédération complexe de cantons, qui vit avec 4 langues, 4 espaces culturels, on peut la considérer comme une sorte de petit laboratoire de la diversité et de la coexistence. Autant de sujets qui nous sont importants.
Gilles Marchand
Compléments multimédia
Vidéo
Rencontre de la communauté des télévisions francophones dans une démarche de partage d’expérience et d’échange d’idées sur les programmes. Grand Angle, 29.05.2009;
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