Gilles Marchand

La 5ème Suisse, connectée

Samedi 21 mars, 11h00, Rathausplatz 2, Berne. Le ciel est gris et bas, il pleut.

L’Organisation des Suisses de l’étranger réunit son Conseil dans les murs imposants du Berner Rathaus. Escaliers sévères, voute, hauts plafonds et ours ciselés sur les poignées des lourdes portes de la grande salle, le décorum est à la hauteur de cette 5ème Suisse.

En effet, forte des quelque 750’000 Suisses résidant à l’étranger, l’OSE n’est pas à négliger par la Berne fédérale, notamment en année d’élections et de renouvellement des deux chambres. Les partis sont d’ailleurs représentés dans ce Conseil, qui débat sous l’élégante, libérale et humaniste présidence de Jacques-Simon Egly qui achève là son dernier mandat avec une pointe de nostalgie.

Les délégués sont venus de France, d’Allemagne, d’Italie, mais aussi de Thaïlande ou d’Afrique du Sud. Ils profitent des pauses pour partager leurs dernières expériences, parler du franc fort ou encore des changements en ville de Berne. Et on discute, ce matin des modalités de la participation électorale des Suisses de l’étranger (le vote électronique à la genevoise a ici de solides partisans), ou de l’ouverture de comptes bancaires en Suisse.

Mais pas seulement. Car ce Conseil est aussi l’occasion de souligner les liens qui unissent la 5ème Suisse aux 4 autres. Et ces liens passent notamment par les médias.

La SSR est donc invitée, après le « steh lunch », à présenter tout ce qu’elle propose en matière de rayonnement international. Et le menu est plus copieux que celui du déjeuner. Car pour les chaînes de la SSR, c’est un enjeu important.

Tous les programmes de la SSR en direct dans le monde entier

On commence avec les fondamentaux. C’est la fameuse carte Sat Access, qui permet à tout citoyen suisse établit à l’étranger de recevoir, via satellite, toutes les chaînes de la SSR, dans les 3 langues nationales. Bonne nouvelle, la carte n’est pas très cher (120.-/an) et elle fonctionne très bien. Mauvaise nouvelle, depuis le 1er janvier 2015, les pays membres de l’Union européenne appliquent la TVA sur ce montant, qui augmente ainsi d 10 à 20% selon les régions (pour en savoir plus : www.broadcast.ch ). Il y a ce jour 4315 cartes en circulation. Comparé aux 750’000 Suisses de l’étranger, c’est évidement peu. Mais cela s’explique sans doute par le fait que la SSR offre de nombreuses autres possibilités pour rester en contact avec la Mère Patrie et ses enfants.

C’est le cas par exemple de Swissinfo, une plateforme web en 10 langues (!) dédiée aux Suisses de l’étranger et aux étrangers qui s’intéressent à la Suisse et qui compte quelque 1’500’000 visites mensuelles.

C’est aussi le cas de tous les sites des chaînes de la SSR, www.rts.ch , www.srf.ch , www.rsi.ch , dont les contenus sont accessibles gratuitement dans le monde entier en VOD. En clair, tous les contenus fabriqués par les chaînes suisses qui en contrôlent donc les droits, sont offerts librement. On y retrouve toutes les principales émissions, les journaux d’information ou les divertissements maison. Sont absentes du catalogue les émissions sportives ou les fictions achetées, qui sont liées, elles, au territoire suisse. Et ces contenus sont aussi accessibles via les app’ de la SSR, toujours en VOD, sous l’enseigne de PLAY RTS, PLAY SRF et PLAY RSI. Enfin, il faut souligner que les chaînes radios de la SSR sont accessibles dans le monde entier, sans géolocalisation, via une app’ que l’on peut télécharger gratuitement (RTS Radio par exemple).

RTSplay

Le regard suisse sur le monde

Et à tout cela s’ajoutent encore des chaînes internationales dont la SSR est actionnaire et qui proposent dans le monde entier des programmes suisses. C’est particulièrement le cas de TV5 Monde qui offre 6000 heures d’émissions suisses à près de 250 millions de foyers dans le monde. TV5 Monde est ainsi la première chaîne généraliste de télévision du monde, largement devant les chaînes américaines ou anglaises. On trouve aussi sur ce réseau des émissions coproduites par les partenaires français, belges, canadiens et suisses, comme le  « 64’ », tous les jours, ou «200 M de critiques», chaque semaine. Il s’agit d’une formidable fenêtre de réexposition pour les contenus suisses, pour nos films et nos artistes. C’est aussi un canal très précieux pour la Confédération, qui peut, grâce aux journaux télévisés ou aux émissions de débat de la RTS, exposer au monde entier ses enjeux et sa lecture du monde. En pleine crise libyenne, après le vote du 9 février sur l’immigration ou encore en matière de secret bancaire, c’est là un espace essentiel pour faire comprendre au monde, de manière nuancée, la vision suisse.

Même démarche avec 3Sat, une chaîne internationale de langue allemande, que se partagent les services publics suisse, allemand et autrichien. 3Sat propose chaque année environ 1000 heures de programmes suisses à près de 63 millions de foyers.

Enfin, dernier né de cette panoplie internationale, « www.tvsvizzera.it» qui offre une sélection en italien des programmes de la RSI et qui compte déjà, après une année d’existence, quelques 80’000 visites mensuelles.

Le subtil équilibre entre local et global

Il y a là une vraie volonté d’ouverture de la SSR. Ouverture aux autres réalités, bien sûr. Mais l’intention ferme, aussi, d’exporter le savoir-faire suisse en matière de production culturelle cinématographique, musicale ou scénique. De permettre à nos artistes, à nos productions, de rayonner dans le monde entier. Et d’offrir également une tribune aux enjeux politiques, économiques et sociaux qui traversent le pays. Il s’agit là d’un aspect peut-être moins connu mais important du mandat de service public. Il est couvert en bonne partie par un contrat de prestation spécifique qui lie la Confédération à la SSR. Un contrat pour l’étranger, qui devra d’ailleurs être bientôt reconduit. Cela tombe bien car le thème est d’actualité. Le subtil équilibre entre le local et le global est essentiel au succès et à la crédibilité médiatique. Ce n’est pas la 5ème Suisse qui dira le contraire !

Gilles Marchand

Directeur de la RTS

 

 

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